Les Acadiens sont l’un des peuples fondateurs du Canada avec la première colonie permanente établie à Port-Royal en 1605, qui marqua le début de la colonie connue sous le nom d’Acadie, une colonie de la Nouvelle-France qui couvre aujourd’hui la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard, certaines parties de l’Est du Québec et le Maine.
De 1605 à 1713, pendant plus de 100 ans, la propriété des terres occupées par les Acadiens a subi de nombreux changements de contrôle entre les Britanniques et les Français jusqu’à ce que le traité d’Utrecht de 1713 donne le territoire aux Britanniques pour de bon. Les Acadiens ont maintenu leurs traditions, leur langue, leur culture, leur mode de vie et leur religion et sont demeurés politiquement neutres.
Cependant, lorsque l’Angleterre et la France étaient de nouveau en guerre en 1744, avec la fondation d’Halifax en 1749 comme nouvelle capitale, le gouvernement britannique a changé sa politique et s’est tourné vers l’acquisition de la propriété foncière dans cette colonie et a assuré son « identité britannique ». La population acadienne était alors perçue comme une menace.
De 1755 à 1762, environ 11 500 Acadiens ont été expulsés au cours de ce qu’on appelle le « Grand Dérangement ». Certains d’entre eux ont été dispersés parmi les 13 colonies américaines, certains d’entre eux, avec l’aide d’autochtones, se sont échappés dans le territoire français de l’époque (Île-du-Prince-Édouard, Cap-Breton, Nouveau-Brunswick et Québec), d’autres ont été expulsés vers la Grande-Bretagne et la France, et plusieurs ont péri en mer. L’île Georges, dans le port d’Halifax, a accueilli le fort Charlotte, qui a servi de l’un des quatre forts où les Acadiens ont été emprisonnés au fil des ans de l’expulsion.
À la fin de la guerre en 1764 et la France ayant cédé toutes ses colonies américaines à la Grande-Bretagne, les Britanniques ont permis aux Acadiens de retourner en Nouvelle-Écosse en petits groupes isolés. Après la destruction de leurs maisons et la reprise de leurs anciennes colonies, les Acadiens se sont réinstallés dans les régions côtières et ont formé des communautés qui existent encore aujourd’hui.
Les Acadiens sont très désireux de préserver leur propre identité culturelle. En 1881, le premier congrès acadien a eu lieu et le 15 août a été choisi comme Fête nationale de l’Acadie. En 1884, le drapeau acadien (tricolore français avec une étoile jaune sur la bande bleue) et l’hymne national acadien « Ave Maris Stella » sont adoptés.
Halifax
Selon les données du Recensement de 2016 de Statistique Canada, la Municipalité régionale d’Halifax (MRH) compte la plus grande communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse, avec 10 140 résidents dont la langue maternelle est le français, ce qui représente 2,5 % de la population totale de la MRH et 34 % de la population francophone totale de la province. De plus, il compte également la plus grande population bilingue de la province, avec 49 585 personnes bilingues auto-identifiées, ce qui représente 12 % de la population totale de la MRH. Les francophones et les bilingues sont répartis assez uniformément dans les quatre circonscriptions électorales fédérales de la MRH, et la population n’est pas concentrée dans un quartier ou une circonscription en particulier.
La communauté acadienne et francophone dans la MRH comprend les Acadiens et les francophones de partout au Canada ainsi que les francophones du monde entier : la forte concentration des services gouvernementaux fédéraux et provinciaux a amené une population bilingue importante dans la ville; la Base des Forces canadiennes Halifax reçoit de nombreuses familles militaires francophones; chaque année, les nouveaux arrivants francophones du monde entier s’installent également dans la MRH. Tout cela contribue à la diversité et à la mobilité de la communauté, unifiée autour de la langue commune.
Diverses organisations servent cette communauté pour répondre à ses besoins divers : Alliance française est un centre culturel pour les francophones et les francophiles depuis 1903; le Conseil Communautaire du Grand-Havre est le porte-parole de la communauté acadienne et francophone depuis 1991; le Centre de ressources pour les familles militaires d’Halifax et régions met l’accent sur les services aux familles militaires francophones, tandis qu’Immigration Francophone de la Nouvelle-Écosse offre des services de soutien aux immigrants francophones. Beaucoup d’autres organismes acadiens et francophones ayant un mandat provincial ou national ont une branche à Halifax pour offrir des services spécialisés en français, notamment des soins de santé, des services juridiques, des services de carrière et d’affaires, des services pour les jeunes, des affaires féminines, des affaires des aînés, entre autres.
West Chezzetcook
West Chezzetcook, à environ une demi-heure de route de Dartmouth, abrite la plus grande communauté acadienne dans les limites de la municipalité régionale d’Halifax. L’existence de colons français dans la région remonte aux années 1740.
Entre 1758 et 1762, environ 2 000 Acadiens ont été amenés à Halifax comme des prisonniers en attendant d’être expulsés. Certains d’entre eux ont été expulsés tandis que d’autres ont été libérés en 1764. Certains d’entre eux ont traversé le port d’Halifax pour se rendre à Chezzetcook, avec l’aide d’un autre groupe d’Acadiens du Cap-Breton. Certains de ces premiers colons avaient des noms de famille tels que Bellefontaine, LaPierre, Wolfe, Roma et Petitpas, que l’on retrouve encore aujourd’hui.
Tout au long des années, les Acadiens de Chezzetcook gagnaient leur vie grâce à l’agriculture, à la pêche, à la foresterie, à la construction navale ainsi qu’à la récolte et transformation des myes.
Aujourd’hui, en tant que communauté rurale isolée dans un environnement anglophone solide, cette communauté acadienne fait face à des défis uniques qui maintiennent sa langue et son identité ancestrales. Cependant, l’organisation communautaire locale active Acadie de Chezzetcook présente une variété d’activités et d’événements tout au long de l’année tout en gérant le site historique et le musée acadien qui donnent vie aux traditions et à la culture acadiennes uniques. L’école primaire francophone locale, l’École des Beaux-Marais, créée à la demande de la communauté en 2011, reçoit aujourd’hui des élèves de la maternelle à la 9e année.